Lumières Intérieures

Lumières intérieures, Ballenberg, Oberland Bernois
Musée Suisse en plein air, Ballenberg, Oberland Bernois

J’ai toujours aimé les lumières intérieures qui diffusent à travers de petites fenêtres, notamment dans des intérieurs anciens comme de vieilles maisons ou de respectables fermes. Cette passion me vient d’une part des photos de Marcel Imsand, dont j’ai parlé ici il y a déjà 10 ans, et d’autre part parce que nous arpentons avec plaisir les écomusées d’ici et d’ailleurs lors de nos vacances, qu’il s’agisse de Ballenberg chez nous, Muckross Farms en Irlande ou n’importe quel autre lieu dans lequel un morceau d’histoire est reconstitué.

Un équilibre pas naturel

Pour l’oeil humain, la lumière naturelle qui éclaire ces lieux semble homogène et que l’on regarde à l’intérieur ou à l’extérieur le cerveau rectifie les luminosités: rien n’est jamais ni sous-exposé, ni surexposé. L’appareil photo à de sérieuses limites pour distinguer les clairs-obscurs et le défi dans ces conditions de lumière est justement de jouer avec les ouvertures et trouver l’exposition juste avec le plus possible de détails en évitant de trop cramer (surexposer), ou de trop boucher les ombres (sous-exposer).

Lumières intérieures, Ballenberg, Oberland Bernois
Musée Suisse en plein air, Ballenberg, Oberland Bernois.

Ce genre de photos permet également de multiples essais pendant le développement, à condition de shooter en raw bien sûr, en s’amusant avec tous les curseurs d’expositions et de contraste pour faire ressortir ou cacher les différentes zones de l’image et reconstituer avec ces lumières intérieures un éclairage qui semble naturel. Je ne sais pas si j’y parviens, mais en tout cas c’est amusant de constater tout ce qu’on peut faire tout au long du processus pour essayer de maîtriser toutes les nuances de ces lumières naturelles.

Un supplément d’âme

Au delà de l’aspect photographique, les muséographes de ces écomusées reconstituent derrière chacune de ces fenêtres des ambiances différentes en fonction de lieux; les lumières intérieures apportent ainsi une part d’âme à chacune de ces pièces. Les plus âgées d’entre-nous y verront forcément une grand-mère ou un grand-oncle, un morceau de notre passé qui a défini notre présent, ce qui permet d’habiter ces lieux et ces photos, même si on n’y voit personne.

Breitling Jet Team

Breitling Jet Team

Ca faisait très longtemps que je n’avais pas assisté à un show aérien et je n’en avais jamais photographié auparavant. Le ciel était bleu en ce beau dimanche ensoleillé, ce qui me faciliterait à priori les prises de vue, supposant que sur un ciel gris ou avec beaucoup de stratus, ça doit quand même être nettement moins rigolo. Comme je n’avais aucune idée de la configuration dont j’aurais besoin, j’ai mis mon 24-70mm sur un des boîtiers, pour faire des photos générales avec le jet d’eau et la rade, pour situer le show, et j’ai monté le doubleur de focal avec le 70-200mm sur mon autre boîtier. En fait, en faisant des essais à vide, je me suis dit que c’était probablement un peu exagéré et j’ai enlevé le doubleur pour me retrouver avec le set typique du photographe de concert. Et je pouvais toujours recadrer drastiquement plus tard si nécessaire ce que j’ai d’ailleurs fait sur un ou deux clichés. Je n’avais de toute façon aucune idée quels cadrages seraient les plus appropriés dans ce type de photographie.

Concernant les réglages, Lire la suite

La Fumée Nuit-elle gravement aux Photos ?

Molly Gene One Whoaman Band @ Blues Rules

Vous entendrez la plupart des photographes de concert râler sur 2 sujets en particulier: sur les conditions de lumière du spectacle en premier lieu, sujet récurrent comme la pluie et le beau temps au café du commerce, et juste après sur l’utilisation de fumigènes, qui fera l’objet de mon billet aujourd’hui. Je commence par préciser que personnellement je ne me plains pas souvent ni de l’un ni de l’autre et je fais avec ce que j’ai et voilà; si je voulais tout maîtriser je ferais de la photo de studio et non pas de la photo live.

Grainne Duffy @ FestiverbantLes fumigènes sur scène peuvent être très sympas: on en a besoin par exemple pour mettre en évidence certaines structures des lumières, comme par exemple quand un spot part en rayons comme ci-contre, ou crée des formes géométriques dans la fumée. Au fond de la scène, la fumée crée des tâches de lumière et tapisse de jolies couleurs qui tranchent avec les noirs qu’on trouverait habituellement, introduisant plus de douceur par rapport à un projecteur qui éclairerait le fond de manière beaucoup plus brutale. Mais le problème avec la fumée c’est qu’elle devient très rapidement trop envahissante: une quantité mal dosée, des générateurs de fumée placées à côté du batteur et branchés en permanence et on est certain qu’on ne verra pas le batteur de tout le concert.

deltaR @ FestiverbantTrop de fumée au premier plan créera d’horribles reflets de couleur et rendra évidemment difficile l’ajustement de la netteté sur les musiciens. La fumée entre l’appareil et le sujet est d’ailleurs très trompeuse: l’oeil pourra percevoir assez bien les traits du sujet et donnera le sentiment d’un bonne visibilité, mais on se rendra compte que ce n’est de loin pas suffisant pour l’appareil photo qui rendra une photo très imprécise et surtout des dominantes de couleur qui se réfléchissent dans la fumée. Je pense que le cerveau nettoie tout seul ce type d’images.

AwekPar contre si elle est bien utilisée et en dosage maîtrisé, une large palette de possibilités et de défis intéressants s’offrira au photographe, comme celui d’attraper le moment exact où le musicien est nimbé de veloutes de fumée, son visage ou certaines parties de son corps émergeant nettement des nuages environnants. L’exercice est souvent plus facile dans les concerts en plein air parce qu’il devient possible d’anticiper les mouvements et les dégagements de fumée en fonction de la direction et la force du vent en offrant du coup plus d’opportunités intéressantes par rapport à la fumée en salle, qui aura plus de peine à s’évacuer et restera également plus compact, en grosse masse grise.

Swamp Train @ Blues RulesEn conclusion, je trouve que l’utilisation de générateurs de fumée sur scène ouvre l’éventail des possibles en offrant plus de variété photographique que les concerts sans fumée, mais également de plus grands défis. A condition que cela soit fait avec modération.

Le sujet m’a été inspirée par les dernier concert auquel j’ai assisté, à Samoëns, avec un équilibre de lumières et de fumée qui était nickel.
Royal Southern Brotherhood @ Sierre Blues Festival

Fanfareduloup Orchestra

Fanfareduloup Orchestra -Terrain VagueJ’ai eu le plaisir il y a quelques mois d’être invité à être le photographe du Fanfareduloup Orchestra pendant leur saison 2016-2017, qui coincïde également avec leur 20ème anniversaire (sous leur forme actuelle). L’expérience est intéressante à plus d’un point de vue. D’abord musicalement, cela me permet de suivre une saison entière de cet institution de la musique genevoise et de redécouvrir toute la diversité de l’orchestre et leur facilité à s’exprimer et s’intégrer dans toutes les formes musicales, qu’il s’agisse de chanson, de musique orientale, de thé dansant, d’improvisation ou n’importe quelle autre forme !

Du point de vue photographique la saison a également été riche en défis qui  m’ont entraîné en dehors de mon domaine de confort. Il y a eu le « Grand Charivari » pour commencer: un spectacle qui s’est déroulé essentiellement dans la salle, au milieu du publique, avec des groupes de musiciens complètement délocalisés et la question essentielle de savoir comment rendre cette spatialité 3D sur une photo 2D. Il y eut aussi le thé dansant, et l’envie bien sûr de montrer le mouvement des danseurs du dimanche après-midi: si il n’est pas très difficile de faire des flous et des filés en temps normal, en basse lumière ce n’est pas évident du tout.

Le plus récent défi (28 et 29 janvier 2017) était de photographier la projection du film « Terrain Vague« , du réalisateur genevois, Philippe Grand, accompagné par une musique d’improvisation du groupe qui jouait au milieu de la salle dans le noir presque complet. Pour une fois je suis donc venu avec un flash que j’ai planté à différents endroits, cherché les réglages optimaux pour que le film et les musiciens aient la même exposition en faisant gaffe que le flash ne se projette pas sur l’écran ce qui aurait terni la projection (comme on peut le voir à faible dose sur certaines photos). Dans ces circonstances, il n’aura été possible de ne prendre des photos que lors des répétitions, bien évidemment. Et pour finir, j’ai décidé de jouer sur le noir/blanc et les couleurs pour différencier le film de la musique, ou à la fin pour différencier les musiciens du public. En conclusion, un peu de stress, mais au final beaucoup d’amusement et d’expérience en plus.
Fanfareduloup Orchestra -Terrain Vague

Les photos et Facebook

Je savais par expérience que Facebook diminuait la résolution des photos pour prendre moins de place, il suffit d’aller voir une de mes photo sur FB et la comparer à l’ « originale » sur flickr (ou comparer la taille avant/après: les fichiers sur FB représentent environ 30% des fichiers originaux). Aujourd’hui j’avais le temps d’en chercher la raison et ci-dessous un extrait de la réponse que j’ai trouvée. Malheureusement ils n’indiquent pas le max de taille pour les images des albums, mais l’expérience montre que c’est dans les environs de 120-150 ko. Je ne suis pas un gourou du pixel, mais si quelqu’un arrive m’expliquer comment mettre en ligne une photo de 2048 px en Haute qualité, qui fasse moins de 200 ko, je lui tire mon chapeau, je suis même prêt à lui offrir un repas ! Facebok n’a pas la même définition de Haute qualité que moi. Dans un essai basique avec une qualité de 50%, à cette grandeur (2048 pc) et à 72 dpi, moi j’arrive à environ 300 ko.

Bref, vous savez pourquoi je mets mes albums sur flickr ! J’y mets aussi un peu de compression (qualité 80%), une vieille habitude de webmaster mais aussi un bon compromis qui me permet de mettre en ligne une photo de bonne qualité à l’écran, mais inutilisable en agrandissement ou pour une impression

  • Redimensionnez votre photo dans l’une des tailles prises en charge ci-dessous :
    Photos classiques : 720 px, 960 px, 2 048 px (largeur)
    Photos de couverture : 851 px par 315 px
  • Si vous utilisez une photo de 2 048 px, sélectionnez l’option Haute qualité lors de son téléchargement.
  • Pour éviter toute compression lorsque vous téléchargez votre photo de couverture, utilisez un fichier de taille inférieure à 100 Ko.

Source Facebook : https://www.facebook.com/help/266520536764594

Eclairages et photos live

Vous entendrez très souvent les photographes se plaindre de l’éclairage des scènes: trop de fumée, trop de rouges, mal équilibré, trop sombre, etc… Je ne vais pas me lancer dans ce débat, les éclairagistes ont leur raisons qui ne sont pas toujours compatibles avec les besoins des photographes, et en plus ils n’ont aucune obligation de faire des efforts pour 4-5 gars qui ont un appereil si le groupe, le public de 100-1000 personnes et le producteur sont contents de leur travail.

Mais il y a encore pire que ça: les scènes dont les éclairages ne sont jamais réglés, ou vite fait par le barman si il n’a rien d’autre à faire pendant le soundcheck ! Lorsque les conditions d’éclairage sont à ce point sub-optimales, je m’interroge souvent sur le bien fondé de prendre des photos. Je sais à l’avance que quoique je fasse le résultat final ne pourra être que moyen, voire médiocre. Et est-il bien raisonnable de publier des photos d’une qualité à peine satisfaisante ?

D’un autre côté, on est présent, on a amené le matos, les musiciens sont des amis et ont peut-être quelques expectatives et surtout il y a ce challenge: essayer malgré les circonstance de sortir une ou deux photos qui ne soient pas trop mal et rendre compte de l’événement. Et lorsqu’on y parvient, même si la photo est objectivement très moyenne, la satisfaction personnelle est parfois bien plus intense que si on avait fait des bons clichés dans des conditions optimales, mais finalement sans trop d’effort. Le problème c’est que le public ne verra pas cette différence, ne verra pas combien le photographe a sué pour attendre l’exact bon positionnement du musicien pour capter le maximum de cette pauvre lumière disponible. Il ne verra pas non plus les efforts de correction de blanc, de désaturation, de contraste qu’on aura apporté à la photo pour la rendre visible. Un boulot énorme, mais pour un résultat finalement moyen. Alors faut-il le montrer on non ? Voici quelques exemples pour illustrer ce propos…

Pour commencer, une première image de la scène pour analyser la lumière. Cette photo est déjà travaillée pour la rendre un peu mieux équilibrée, mais on voit qu’on a un spot blanc de chaque côté, sur le saxophoniste et le guitariste, le chanteur au centre n’est pas éclairé, le guitariste tout à gauche à une lumière bleue/violette et le bassiste est éclairé par du rouge/violet. Pour le moment, les seules photos possibles sans trop de difficultés sont donc le saxo et le guitariste de droite. Ca se voit d’ailleurs dans l’album final, ce sont les photos qui ont la meilleure balance et qui ont demandé le moins de travail.

Patou D'Unkou (guitar, vocals), Rocky Raviolo (sax, harmonica), John Cipolata (guitar, vocals), Roberthy Benzo de Bâle (bass, vocals), Claire Asile (claviers), Johnny di Pizzaiolo (drums), Dietrich Freezer-Disco (vocals), Nicole au Dent (vocals), Petite Berthe (guitar), Cellulite Gras Double (vocals), Edith de Nantes (vocals). Beau Lac de Bâle @ Mr Pickwick, Genève, Switzerland, 11.12.2015. (c) Christophe Losberger

Zoomons un peu sur le bassiste et voyons un exemple typique du rendu de la photo telle qu’elle a été enregistrée par l’appareil et ce qu’on peut en tirer. Evidemment l’appareil n’est qu’une machine et il a beau avoir un logiciel performant pour régler les blancs automatiquement, pour ce genre d’éclairage le choix du programme n’est pas forcément le meilleur, mais même en le réglant manuellement on n’aurait pas obtenu beaucoup mieux, quand une couleur est saturée, elle est saturée. Il faut donc vraiment avoir la foi et passer du temps à trouver les meilleures balances pour en sortir quelque chose. En général, je commence par désaturer le tout (donc je la mets en noir blanc) et je cherche la meilleure balance des blancs possibles qui rend le plus de détails possibles. Puis je remets régulièrement un peu de ceci et un peu de cela. Je laisse toujours un peu de couleur, même si je tends vers une photo noir/blanc, juste parce que j’aime ça.

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Un dernier exemple un peu moins dramatique. Ici on n’avait que quelques ampoules (même pas des spots) et par conséquent cette dominante jaune et surtout un gommage très moche des micro contrastes et une perte de détail. Quelques curseurs plus tard on arrive a quelque chose de présentable.

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Un style de photo de concert ?

Floyd Beaumont & the Arkadelphians @ BAG ThursdayLorsqu’on photographie un groupe en concert pour la première fois, on a toujours le souci de bien faire et on se limite donc forcément à un style de photo classique, à un genre qu’on maîtrise bien, et le plus souvent en couleur. C’est d’autant plus vrai si on n’a que 2-3 chansons pour pouvoir faire son travail comme c’est le cas dans beaucoup d’endroits. Pour moi –  et comme pour la plupart des photographes je pense – si l’appréciation du public est importante, l’ultime récompense est que l’artiste soit satisfait de sa photo ou de celle du groupe et qu’il s’y reconnaisse pleinement. En conclusion, on essaye définitivement d’assurer en osant éventuellement une incursion dans le noir/blanc si on sent que c’est un style qui est apprécié par le modèle.Swamp Train @ BAG Thursday D’ailleurs, et en apparté,  le noir/blanc est un style en soi et son utilisation ne devrait pas être limitée à la récupération de photo en couleur ratées ou trop saturées, ce qui est trop souvent le cas (et je le fais aussi), mais je reviendrai peut-être un autre jour sur ce sujet.

Par contre, quand on photographie le même groupe pour la 3ème ou 4ème fois dans des circonstances un peu similaires aux précédentes fois, on peut commencer à s’amuser et tenter de nouvelles approches et des styles différents. Pour ma part j’essaye actuellement de développer un style différent, quelquechose qui ne soit plus de la couleur mais pas non plus complètement du noir et blanc, ni des virages de type sépia,  et qui en même temps soit proche de ce qu’on pouvait faire en argentique avec des films poussés à leur maximum et qui présentaient du grain (j’adorais le grain dans les photos noir/blanc).Awek @ BAG Thursday Cette technique, dont on peut voir quelques exemples dans cette article est intéressante parce qu’elle n’est pas qu’une manipulation de « développement » de la photo, mais une combinaison de techniques qui début à la prise de vue. Je n’ai personnellement jamais vu encore ce type de désaturation appliqué aux photos de concerts – ce qui ne veut pas forcément dire que c’est original – et je ne saurais même pas sous quel nom je pourrais chercher sur le web. Ce qui est certain c’est que je vais encore y travailler dans les prochains mois pour améliorer quelques détails de cette technique dont je ne suis pas encore satisfait à 100%.

La plupart des sujets sur lesquels je l’ai appliqué l’ont en tout cas trouvé sympa et personnellement j’aime bien, sinon je ne pense pas que j’aurais renouvelé ma première expérience. Et on verra comment tout cela évolue dans le futur !

Une pochette que je n’ai pas faite

C’est assez marrant quelquefois les hasards de la vie. L’automne dernier je ne sais plus du tout ce que je cherchais sur internet –  cela devait forcément être en relation avec la musique – et je suis tombé sur la description d’un disque dont je n’avais jamais entendu parlé, ou alors je l’avais complètement oublié ce qui est également une possibilité: un vinyle du concert de Luther Allison, Otis Rush et Eric Clapton à Montreux en  1986.  Mais je suis quasiment certain de n’en avoir jamais entendu parlé auparavant parce que si je ne me souvenais pas du vinyle au moins je pense que j’aurais dû me souvenir de la pochette. Parce qu’à y regarder de près, la photo qui illustre ce disque à très probablement été prise à quelques secondes d’une photo que j’ai prise au même moment et dont je vous parlais l’été dernier lorsque j’ai mentionné  Bernard et Luther Allison, et que je vous remets ci-dessous.

Otis Rush, Eric Clapton. Luther Allison

C’est là aussi en comparant la qualité des deux images qu’on mesure que je n’étais qu’un débutant à l’époque. J’en suis toujours un, mais j’avais vraiment une très faible expérience de la photo de concert en couleurs en 1986 et je faisais plus facilement du N/B, qui était un peu plus confortable pour un amateur. En ces périodes lointaines pour faire de la couleur en concert il fallait avoir une sacrée connaissance pour choisir le bon film, ou les bons filtres, la bonne sensibilité  et surtout il fallait une sacrée expérience pour déterminer la bonne exposition, parce qu’il n’y a rien de plus changeant que des lumières de concert. Aujourd’hui ça reste encore partiellement vrai et il faut quand même un peu d’expérience, sauf qu’on n’a plus besoin de filtres et les informations qu’on acquière dès les premières images suffisent pour régler la sensibilité et les conditions de prises de vue.

Si j’ai le temps un de ces jours j’essayerai a) de me procurer une copie de ce disque et b) trouver le nom du photographe qui est l’auteur de la pochette. Mais en attendant si quelqu’un l’a dans sa collection, je serais ravi de connaître la réponse.
Et pour finir quel est la probabilité qu’à quelques semaines d’intervalle on retrouve 2 photos prises au même moment 25 ans plus tôt ?

Complément d’information et merci à mes vieux amis, voici la vidéo et on trouvera les 2 photos entre 5:44 et 5:48. J’ai repéré la photographe Dany Gignoux sur le côté de la scène, elle pourrait être l’auteur de la photo, mais elle travaillait le plus souvent en N/B. C’est une photographe que j’adore, peu présente sur le web, faudra que j’en parle un de ces jours. Allez jusqu’é 9:21 et vous verrez aussi Mike Hucknall, chanteur de Simply Red. Et les décors sont de Keith Haring.

15.10.2012: Ah, je crois bien avoir trouvé que c’est Edouard Curchod qui a pris la photo de cette pochette !

Feux d’Artifice

Le 1er Août est l’occasion d’aller retrouver la belle-famille et quelques amis à Meyrin (siège du CERN) et photographier les feux d’artifice. J’aime beaucoup les feux d’artifice, je pense que ça doit être passionnant de développer des fusées qui vont éclater en couleurs et formes différentes, allier entre elles les substances chimiques, les compartimenter pour les enchaînements de couleurs, minuter les différentes fusées entre elles et programmer tout cela en un ensemble lumineux et varié. C’est bien le seul intérêt d’avoir inventé la poudre à canon !

Ils sont aussi un sujet de photographie très intéressant, qui exige quelques bonnes connaissances techniques, une bonne capacité d’adaptation et aussi beaucoup de chance. Mais comment photographier un feu d’artifice ? Question matériel, l’usage d’un pied est recommandé, parce que même si il est souvent possible de faire une photo au 1/30 de seconde avec une sensibilité haute (800 ou plus ISO) et une grand ouverture (2.8 ou 3.5), le problème est que pendant ce 1/30 (ou 1/15) de seconde, le feu n’a souvent pas le temps de se déployer et il faudra donc travailler entre 0.5 et plusieurs secondes pour capter le feu dans son entier. Il faudra aussi enlever l’autofocus et faire un réglage manuel sur l’infini. A partir de là, il faut jongler entre la sensibilité et l’ouverture pour que les lumières s’impriment sur la carte mémoire sans être trop sur ou sous-exposées. Moi en général je laisse la sensibilité sur 200 ISO, ce qui permet des ouvertures aux alentours f/9.0. Ca s’est pour la théorie, parce qu’ensuite les modifications à apporter dépendront beaucoup du type de feu qui va être lancé, ce qu’on ne sait en général pas à l’avance. En effet, vous avez d’une part les feux très rapides, qui éclatent et de déploient en quelques fractions de secondes, et des feux qui se déploient lentement en scintillant et qui flottent plus longtemps dans l’air. Appliquer un temps de pose de 4 secondes aux feux scintillants et vous aurez tout de suite en effet de flou, qui peut être sympa, mais pas forcément l’effet recherché. Pour avoir le bon temps de pose, on peut aussi choisir de travail en mode  « bulb » et déclencher l’ouverture un peu avant l’éclatement et refermer manuellement dès que le feu s’est déployé, auquel cas on utilisera un déclencheur souple pour éviter les secousses. Les scintillants sont aussi souvent moins lumineux et il faudra peut-être aussi ouvrir un peu le diaphragme ou augmenter la sensibilité. L’autre difficulté, c’est qu’à moins de cadrer très large, les feux en général n’explosent jamais au même endroit dans le ciel. Il y a les fusées courtes et les fusées longues, et sur l’axe horizontal au moins 3 endroits différents d’éclatement des feux (et je ne parle que des petits feux), et il est donc difficile de changer rapidement son cadrage et immédiatement obtenir le bon point de vue. Et le dernier élément, sur lequel le photographe ne peut absolument rien changer, c’est la force du vent, qui devra être suffisante pour pousser systématiquement et rapidement hors du cadre tous les nuages d’explosions souvent disgrâcieux (mais pas toujours). On peut bien procéder à les estomper un peu en post-traitement (ce que j’ai souvent fait ici en augmentant les noirs ou en diminuant la luminosité), ou les enlever complètement en prenant plus de temps; mais le mieux est tout de même d’en avoir un minimum dès le départ !

–> D’autres photos de nuit sur Flickr

Marcel Imsand

Lorsque j’ai commencé ce blog j’avais l’intention d’écrire une page particulière pour mentionner les photographes qui m’ont influencé à un moment ou l’autre et d’en expliquer les raisons, celles-ci n’étant d’ailleurs pas toujours en relation avec la photographie. Mais chaque fois que je commençais ledit article je me perdais soit parce qu’il y avait toujours plus de monde à citer, soit parce l’article partait dans autant de directions qu’il y avait de raisons d’avoir apprécié l’un ou l’autre. Aujourd’hui je vais donc changer mon approche en recadrant par petites touches sur des moments, des gens ou des évènements qui furent importants et je vais commencer par Marcel Imsand.

Je pense que j’ai découvert le travail de Marcel Imsand vers 1982, quand est sorti « Paul et Clémence », un livre de magnifiques photos d’un homme et de sa servante vivants dans une vieille ferme gruérienne. Les images en noir et blanc sont absolument sublimes et les décors rudes et austères de la ferme semblent venir d’un autre temps et d’une autre époque. Mais outre le choix d’un sujet et d’un décor, le plus intéressant dans le travail de Marcel Imsand et l’utilisation de la lumière et des ombres, de la maîtrise des contrastes et des clairs-obscures à la prise de vue, comme au développement. Cette maîtrise se retrouve dans des oeuvres plus tardives pour lesquels j’ai une profonde admiration que sont « Luigi le Berger » (1990), que j’ai vu je crois à Gianadda, et « Les Frères », paru en 1997 (photos de cet article).

Souvent lorsqu’on s’intéresse à l’oeuvre de quelqu’un, on s’interroge aussi sur son parcours et celui de Marcel Imsand, photographe autodidacte élevé dans un milieu ouvrier, n’était pas sans me rappeller mon grand-père Charles Junod;  horloger de son état, photographe, musicien et saltimbanque amateur, j’ai malheureusement trop peu connu cet homme qui m’a probablement transmis bien plus que 25% de gènes, si j’en crois mes goûts et mes loisirs. Et comme j’ai moi-même grandi dans une famille et un environnement ouvrier et proche de la campagne, le parcours et l’univers d’Imsand me parlaient.

J’ai eu un jour l’occasion de le croiser et de discuter avec lui à la Chaux-de-Fonds (CH) dans les années 80. Il avait lui-même sorti un livre de photos de Carnaval en 1976 et moi j’avais été lauréat d’un prix du concours photo du Carnaval de la Tchaux, mais j’étais assez timide (si, si) et assez impressionné à l’époque et je me souviens juste que nous avions parlé de la lumière.

J’admire aussi chez Imsand son approche des gens, le regard qu’il pose sur eux et la manière avec laquelle il entre avec naturel et pudeur dans leur intimité, sans aucun voyeurisme, avec amour, toujours. Et ça c’est quelquechose que je lui envie absolument, parce que je ne crois pas savoir photographier les gens: d’abord parce que je ne sais pas comment les approcher et ensuite parce que j’ai toujours la crainte de ne pas réussir la photo, de ne pas réussir à capter l’étincelle du regard ou l’essence de la personne.

Alors ce qu’il me reste de cette rencontre photographique c’est l’envie de capter les vieilles pierres et les lumières qui illuminent des scènes intérieures d’antan, comme je le fais parfois au détour d’une ballade ou en visitant un éco-musée, en n’oubliant pas que nous sommes le fruit des générations passées et en respectant ces générations. Et un jour je ferai peut-être de beaux portraits comme Marcel Imsand …

Pour en savoir plus:
http://www.lagruyere.ch/fr/le-journal/les-editions/2007/20070904/gruyere-20070904.html
http://www.lagruyere.ch/archives/2006/06.12.09/magazine.htm

Les photos de cet article sont (c) Marcel Imsand.