Jim Marshall – Johnny Cash

Les évènements d’actualité provoquent parfois des coïncidences curieuses. Le photographe américain Jim Marshall est décédé à la fin du mois de mars, à l’âge de 74 ans. Marshall a fait de nombreuses photos de stars du rock et de la pop, et il est notamment l’auteur d’une image culte de Johnny Cash tendant son doigt au photographe que je vous invite à voir sur son site.

Hasard de l’actualité, mes amis du groupe deltaR ont lancé au début du mois d’avril leur 1er CD, dans lequel est inclus une excellente version de Folsom Prison Blues, qu’ils avaient travaillé pour un « tribute to Johnny Cash, Hank Williams and Dolly Parton », qui a eu lieu à l’Usine au mois de janvier cette année.

Jim Marshall a fait de nombreuses photos de Johnny Cash, comme celle qui est inclue dans cet article (avec la permission de son représentant et (c) Marshallphoto.com) où on le voit justement à la prison de Folsom où il donna un concert en 1968 qui relança sa carrière. Sa collection comprend de nombreuses photos des années 60 avec des mythes comme Hendrix, Dylan, les Beatles ou les Who souvent photographiés hors scène dans des portraits intimistes ou des attitudes sympathiques, comme cette image de Dylan s’amusant avec une roue dans les rues de new York. Il est aussi l’auteur de nombreuses couvertures de disques et de photo reportages pour des magazines de rock ou de jazz, et bien évidemment de nombreux livres. Jim Marshall fut aussi un des photographes officiels du festival de Woodstock en 1969.

Cash at Folsom Prison (1968) (c) Jim Marshall
Cash at Folsom Prison (1968) (c) Jim Marshall

Kirk Anspach, qui fut pendant de nombreuses années son tireur (le gars qui développe les films et les photos) dit de lui que Jim marshall ne sous- ou sur-exposait jamais: toutes ses prises étaient parfaitement équilibrées et de plus parfaitement cadrées. N’ayant pas les moyens de m’acheter des kilomètres de pellicule, c’est l’école par laquelle je suis passée: essayer de réussir dès la 1ère prise, et je reste toujours admiratif de ceux qui y parviennent.

Une bien belle carrière dans le sillage des légendes du rocket un grand photographe qui s’en est allé retrouvé Jimi, Janis et Johnny.

Cette article était écrit depuis le début du mois d’avril, mais suite à quelques emails pour demander la permission d’utiliser cette image, le temps s’est écoulé et du coup le thème n’était plus tellement d’actualité. Mais comme j’ai de la chance, la Télévision Suisse Romande diffuse vendredi prochain un documentaire sur le même Johnny Cash à la prison de Folsom. J’espère qu’on y verra Jim Marshall !

Site officiel Jim Marshall
Jim Marshall sur wikipedia

Marcel Imsand

Lorsque j’ai commencé ce blog j’avais l’intention d’écrire une page particulière pour mentionner les photographes qui m’ont influencé à un moment ou l’autre et d’en expliquer les raisons, celles-ci n’étant d’ailleurs pas toujours en relation avec la photographie. Mais chaque fois que je commençais ledit article je me perdais soit parce qu’il y avait toujours plus de monde à citer, soit parce l’article partait dans autant de directions qu’il y avait de raisons d’avoir apprécié l’un ou l’autre. Aujourd’hui je vais donc changer mon approche en recadrant par petites touches sur des moments, des gens ou des évènements qui furent importants et je vais commencer par Marcel Imsand.

Je pense que j’ai découvert le travail de Marcel Imsand vers 1982, quand est sorti « Paul et Clémence », un livre de magnifiques photos d’un homme et de sa servante vivants dans une vieille ferme gruérienne. Les images en noir et blanc sont absolument sublimes et les décors rudes et austères de la ferme semblent venir d’un autre temps et d’une autre époque. Mais outre le choix d’un sujet et d’un décor, le plus intéressant dans le travail de Marcel Imsand et l’utilisation de la lumière et des ombres, de la maîtrise des contrastes et des clairs-obscures à la prise de vue, comme au développement. Cette maîtrise se retrouve dans des oeuvres plus tardives pour lesquels j’ai une profonde admiration que sont « Luigi le Berger » (1990), que j’ai vu je crois à Gianadda, et « Les Frères », paru en 1997 (photos de cet article).

Souvent lorsqu’on s’intéresse à l’oeuvre de quelqu’un, on s’interroge aussi sur son parcours et celui de Marcel Imsand, photographe autodidacte élevé dans un milieu ouvrier, n’était pas sans me rappeller mon grand-père Charles Junod;  horloger de son état, photographe, musicien et saltimbanque amateur, j’ai malheureusement trop peu connu cet homme qui m’a probablement transmis bien plus que 25% de gènes, si j’en crois mes goûts et mes loisirs. Et comme j’ai moi-même grandi dans une famille et un environnement ouvrier et proche de la campagne, le parcours et l’univers d’Imsand me parlaient.

J’ai eu un jour l’occasion de le croiser et de discuter avec lui à la Chaux-de-Fonds (CH) dans les années 80. Il avait lui-même sorti un livre de photos de Carnaval en 1976 et moi j’avais été lauréat d’un prix du concours photo du Carnaval de la Tchaux, mais j’étais assez timide (si, si) et assez impressionné à l’époque et je me souviens juste que nous avions parlé de la lumière.

J’admire aussi chez Imsand son approche des gens, le regard qu’il pose sur eux et la manière avec laquelle il entre avec naturel et pudeur dans leur intimité, sans aucun voyeurisme, avec amour, toujours. Et ça c’est quelquechose que je lui envie absolument, parce que je ne crois pas savoir photographier les gens: d’abord parce que je ne sais pas comment les approcher et ensuite parce que j’ai toujours la crainte de ne pas réussir la photo, de ne pas réussir à capter l’étincelle du regard ou l’essence de la personne.

Alors ce qu’il me reste de cette rencontre photographique c’est l’envie de capter les vieilles pierres et les lumières qui illuminent des scènes intérieures d’antan, comme je le fais parfois au détour d’une ballade ou en visitant un éco-musée, en n’oubliant pas que nous sommes le fruit des générations passées et en respectant ces générations. Et un jour je ferai peut-être de beaux portraits comme Marcel Imsand …

Pour en savoir plus:
http://www.lagruyere.ch/fr/le-journal/les-editions/2007/20070904/gruyere-20070904.html
http://www.lagruyere.ch/archives/2006/06.12.09/magazine.htm

Les photos de cet article sont (c) Marcel Imsand.

Happy Valentine

Read this in [English] or [French]

Today, instead of flowers I sent to my geeky wife a link (don’t worry, she got flowers earlier).

As I mentionned in an earlier post, I’m a big fan of Mike Stimpson’s work and his lego photos and I love the text under this one : « Imperial troops were never trained for this ».
Check out the complete legend and other pictures on
Mike’s flickr space (Balakov).

Aujourd’hui, au lieu de fleurs j’ai envoyé à ma geek de femme un lien (mais ne vous inquiétez pas, elle a reçu des fleurs un peu plus tôt).

Comme je l’ai déjà mentionné dans un précédent article, j’adore le travail de Mike Stimpson et ses photos de legos, et le texte de l’image ci-dessus: « Les troupes impériales n’ont jamais été entraînées pour ça ».
Retrouvez la légende dans son entier et d’autres photos sur l’espace flickr de Mike (Balakov).

This photo is, cette image est (c) Mick Stimpson, Balakov

Get yer ya-ya’s out

Get yer ya-ya’s out est mon cadeau d’anniversaire 2010 et je dois dire qu’il me fait énormément plaisir à plus d’un titre. En novembre 2009 cet album des Stones a été réédité pour commémorer le 40e anniversaire de leur concert au Madison Square Garden de new York en y ajoutant des chansons qui n’étaient pas présentes sur l’album original, un CD de bonus avec BB King et Ike & Tina Turner et enfin un DVD en 5.1.

Je l’ai déjà esquissé dans un précédent article sur les Beatles, mais la période 1968-70 est à mon avis la meilleure période du rock’n’roll et de la pop, et c’est aussi ma période d’éveil consciente à la musique; je me demande d’ailleurs si les 2 sont liés. The Who enregistraient Live at Leeds et venaient de sortir de Tommy, les Beatles enregistraient leurs plus beaux morceaux à Abbey Road, les Doors avaient composé Light my Fire et Led Zeppelin était en train d’incuber Stairway to Heaven. On pouvait entendre dans les festivals de Woodstock et de l’Ile de Wight le grand Jimi ou Carlos Santana et c’est aussi l’époque où les plus belles couvertures de disques étaient produites.

Au Madison Square Garden, les Rolling Stones ont joué le sublime et explosif Midnight Rambler – qui reste un de mes morceaux préférés à écouter ou jouer – une version inégalée de Sympathy for the Devil sans les « hou-hou », Jumping Jack Flash, Honky Tonk Woman, mais aussi Love in Vain, très beau morceau de Robert Johnson. Cette rééditon nous rappelle donc que les Stones sont au sommet de leur art, complètement en phase avec leur héritage rock (Chuck Berry) ou blues, notamment avec le bonus track You Gotta Move de Fred McDowell. Le livret qui accompagne le coffret ne pouvait que me plaire lui aussi, puisqu’il est écrit en grande partie par Ethan Russell, un photographe qui a accompagné les plus grand, y compris les Stones pendant cette tournée, qui dévoile quelques anecdotes à propos des photos prises lors de ces concerts, avec d’outres commentaires historiquement intéressants.  En conclusion: que du bonheur !

Quand je pense en plus qu’à l’époque j’habitais à moins de 100 km du Madison Square Garden et à environ 200 km de Woodstock… C’est peut-être ça le truc: j’ai senti et me suis impregné de quelquechose qui était dans l’air à cette époque-là 😉

Et je vous laisse avec le teaser.

Expo céramique et photos

[ English visitors: the photos and concepts arount this exhibition are described in the legends of the pictures themselves]

Ceramics Exhibition - Tibetan flags J’avais promis dans un précédent article que j’y reviendrais: voici donc une selection des images que j’ai faites à l’exposition de céramique de Joëlle, ainsi que des photos qui illustrent les concepts décrits ci-dessous que nous avions élaborés pour cette exposition commune.

Les drapeaux tibétains : Le même motif avait été décliné en plusieurs couleurs et il était intéressant de le photographier en gros plan sur 5 couleurs différentes et utiliser des tirages pour les disposer comme un drapeau de prière tibétain pour accueillir le visiteur.

Ceramics Exhibition- The pattern concept Les motifs : Un peu sur le même modèle que les drapeaux tibétains, nous avons photographié plusieurs motifs différents pour les réassembler dans un motif répétitif pour décorer l’escalier qui mène à l’atelier. L’effet final est si intéressant qu’entre-temps j’ai réimprimé 2 autres motifs pour compléter la décoration de cet escalier.

Ceramics Exhibition - Memory Game Le Memory : 25 paires de photos ont été imprimées sur des cartes, style jeu de memory et les cartes ont été disseminées aléatoirement un peu partout dans l’exposition.

Ceramics Exhibition - Puzzle Le Puzzle : Le fameux motif avec le fond orange qui a eu tant de succès (toutes les pièces ont été vendues) a été tiré sur un puzzle et ledit puzzle a été mis dans le plus grand saladier de la série.

Ceramics Exhibition - Life size concept Le concept « Grandeur Nature » : 4 images de pichets et de bougeoirs ont  été tirés en sorte que la grandeur de la pièce sur la photo soit la même que la pièce originale. Les photos des bougeoirs ont été utilisées pour masquer les pièce originale. Quand la 3D perd un de ses dimensions.

Ceramics Exhibition - Paper Saucers Les sous-tasse : Cette série de bols n’avait pas de sous-tasses et c’est en regardant un peu par hasard un bol par en-dessus qu’est venue l’idée d’utiliser une découpe ronde de la photo pour en faire une sous-tasse, miroir de l’original.

Ceramics Exhibition -  Separator concept Les séparateurs de table : Des photos A4 ont été découpées en bande pour être utilisées sur une des tables comme séparateurs. A la fin de l’expo on a même pu les recycler en marque-pages ! 😉

Album de cette exposition / marché de Noël

Concepts autour de la céramique

Voilà deux semaines que je n’ai rien écrit et mon fidèle lecteur doit commencer à s’inquiéter ! J’ai peut-être aussi le syndrome orange décrit par Mr Poulet, mais moi ce n’est pas pour l’avoir utilisé, mais pour l’avoir photographié ! Après la fameuse marque jaune, voici la marque orange !

En effet j’ai été pas mal occupé ces temps à préparer une expo. En réalité, ce n’est pas moi à proprement parler qui m’affiche, mais une copine céramiste qui fait son annuelle exposition de Noël, dont j’assure les décors cette année. Dans le passé j’ai plusieurs fois fait des photos de ces oeuvres et c’est un exercice assez sympa de recadrer et voir sous un autre oeil les décorations de ses pièces, et cette année je me suis proposé d’exposer avec elle. Au départ je pensais exposer juste quelques images de ma collection, puis à la réflexion on s’est dit que ça serait beaucoup plus intéressant d’utiliser des images en conjonction avec sa propre expo et de « destructurer et mettre à plat des objets originellement en 3D ». On est donc parti sur plusieurs délires et concepts différents autour de la céramique et de l’image, comme par exemple de photographier en gros plans un motif récurent dans une de ses séries, qui existe sur des fonds de  couleurs différentes, et d’ensuite utiliser 5 des ces images en série répétitives suspendues entre 2 portes, comme un drapeau de prière tibétain (je vois joindrai une image bientôt pour comprendre le concept). On s’est beaucoup amusé à préparer tout ça et l’expo ouvre dans 12 heures et je me réjouis de voir les réactions. D’ici quelques jours je finaliserai probablement tout ça avec un album flickr.

Dans un prochain article de blabla je vous dirai l’autre raison qui m’occupe ces temps, et on parlera de musique cette fois !

Thomas Hawk

[Read this in French or English]

Parmi mes contacts sur Flickr, il y a une personne pour laquelle je ne vais pas systématiquement regarder les nouvelles oeuvres: Thomas Hawk. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n’arrive pas suivre regulièrement sa production d’images, tellement elle est importante et regulière. Ce photographe compulsif  se considère d’ailleurs lui-même comme une usine à photographier et son but est de produire 1’000’000 d’images (traitées) avant sa mort.

Des projets similaires on en trouve plein sur internet, le plus souvent le but sera de produire une oeuvre par jour, qu’il s’agissse d’une photo, d’un dessin, d’une vidéo ou d’un poème, et dans la majorité des cas soit ils ne dépassent pas les premiers jours, soit la qualité des oeuvres décroît dramatiquement. C’est là que Thomas Hawk se distingue du commun des mortels: par la qualité excellente, voire exceptionnelle des 18’000 images qu’il a déjà publiées sur Flickr. Dans son oeuvre, il y a quelques thèmes qu’il poursuit invariablement, dont quelques-uns sont assez originaux et amusants tels que les Beautiful Plastic People, que j’affectionne particulièrement, ou les séries de Neons, mais il est à l’aise dans tous les genres et toutes les lumières, et c’est je crois ce que je lui envie le plus.

Ce qui est également surprenant chez ce bonhomme, c’est qu’en plus il semble avoir une vie professionnelle et sociale riche: il est conseiller en investissements, a une famille  et passe énormément de temps à blogguer, donner des conseils sur l’utilisation des réseaux sociaux, de flickr ou des appareils numériques et trouve encore du temps pour répondre à des interviews ou même voir des vrais amis !

Pour en connaître plus, prenez le temps de visiter sa galerie sur flickr, son blog, ou lisez cette excellente interview de lui.

Among my contacts on Flickr, there is one person who’s pictures I don’t check systematically: Thomas Hawk. Why ? simply because I just can’t follow his production of images, because it is so huge and regular. As a matter of fact, this compulsive photographer considers himself as a photography factory and his goal is to publish 1’000’000 processed photos before he dies.

Lots of people on the internet have such projects, most of the time they will try to produce a daily work, whether it’s a photography, a drawing, a film or a poem, and in most of the cases they well never go further than a few days, or the quality of the works will drastically decrease. This is where Thomas Hawk differs from the ordinary mortals, by the high, sometimes exceptional quality of the over 18’000 pictures he has already published. There are several recurrent themes in his works and some are quite original or funny such as Beautiful Plastic People, which I particularly like, or the Neons series, but in the end he is comfortable in any type of photography or any light, and this is where I envy him the most.

What is also very surprising with this guy is that he seems to have a professional life and a busy social life: he is an adviser in investments, has a family and spends a lot of time blogging and helping people to better use social networks, flickr or digital cameras and stills finds time to answer interviews and meet friends !

If you wish to know more about him, check his photostream on flickr, his blog, or read this excellent interview of him.

Photos in this article ©Thomas Hawk