No Pasaran

J’ai été particulièrement épaté par le comportement des syndicats suite à l’annonce de la fermeture de Merck Serono. On l’a maintes fois déjà dit dans les médias, mais répétons-le: ils se sont portés au secours des futur ex-employés dès le premier jour, tel le preux chevalier rouge, alors qu’un nombre infime seulement de ces personnes était affilié à un syndicat. Le licenciement le plus important que la Suisses Romande ait connue et le combat contre une multinationale basée en Europe sont des raisons bien suffisantes, me direz-vous, pour qu’Unia se mobilise, parce que ça pouvait être  très bon pour son image. Mais au-delà de l’image, au-delà de l’envie de se mesurer à une multinationale, nous avons surtout rencontré des femmes et des hommes convaincus de la nécessité de la lutte ouvrière, prêts à nous aider et nous soutenir, nous accompagner dans nos démarches et nous conseiller tout en nous laissant à nous les employés le dernier mot sur toutes les décisions que nous prenons. Alors je dis ici, merci Unia, merci le syndicalisme !

Je vous ai dit que je m’étais récemment syndiqué ? 😉

To blog or not to blog ?

Selon Ron l’infirmier, blogueur devenu écrivain, le blog est mort ; c’est ce qu’il a déclaré ce matin à Couleur 3. Mince, je ne m’y étais pas encore complètement mis et déjà je ne suis plus à la page !

Il est vrai qu’avec la poussée irrésistible des réseaux sociaux – Facebook en tête, qui propose d’ailleurs d’écrire des articles dans son propre environnement – pourquoi se creuser les méninges pour développer des articles et maintenir un blog alors qu’il est beaucoup plus simple de donner son opinion en appuyant sur le bouton « j’aime » qui émaille Facebook et envahira bientôt le web tout entier ? Ce qui en soi fait très peur, mais ceci est une autre histoire.

Je ne sais pas pour les autres, mais en ce qui me concerne le blog est un moyen de s’arrêter quelques minutes sur un thème, d’y réfléchir un peu pour le développet et si possible apporter un contenu qui apporte un peu de lumière sur les pensées, doutes, envies, passions de son auteur, ou dispense a son lecteur une information éventuellement pertinente ou intéressante (avec un peu de chance). La différence entre un tweet et un article de blog c’est un peu le même fossé qui existe dans la presse écrite entre un communiqué de presse brut d’un quotidien gratuit et un article de fond de plusieurs pages rédigé par un journaliste dans un magazine, avec toutes les nuances intermédiaires qui peuvent exister entre les deux. Si le gratuit a l’avantage de fournir une information rapide et concise, il est impossible de se forger un idée raisonnée sur un sujet sans avoir lu d’autres références ou pris des avis de différents commentateurs. L’existence de l’un n’exclut pas du tout celle de l’autre, et à mon humble avis il est souhaitable que les deux systèmes cohabitent, moi-même je n’ai pas toujours le temps d’approfondir tous les sujets qui m’intéressent autant que je l’aimerais, mais il faut juste maintenir un équilibre – comme dans toutes choses – et éviter de se borner à ce que j’appelerais le fast communication par analogie avec le fast food en croyant qu’il nous procure tout ce dont on a besoin. D’ailleurs, à bien y réféchir, on constatera que même les plus longs et les plus pertinents des articles sur internet ne font guère plus de quelques scrolls d’écran, alors qu’un article de fond de magazine comptera généralement un nombre de mots bien plus impressionnant, ce qui prouve bien que les deux supports ne servent en général pas le même propos et ont donc chacun leur utilité.

Je me suis un peu éloigné de mon sujet pour conclure qu’il y aura toujours des gens qui prendront plaisir à décortiquer, penser, analyser et synthétiser l’information qui leur parvient et la restituer pour le bonheur d’autres personnes. Rejault arrivait d’ailleurs à la même conclusion en affirmant qu’on aura toujours besoin d’un livre en papier qu’on peut laisser tomber sans dommage dans le sable d’une plage. Mince, j’aurais pu me contenter de cliquer « j’aime » à la fin de l’émission de radio de ce matin !

Et si vous voyez cet article sur Facebook, sachez qu’il est d’abord écrit pour mon propre blog, même si il est vrai que par commodité j’ai laissé Facebook l’intégrer automatiquement. Je sais, je suis un faible.

Expérience de Milgram

Pendant mes années de collèges, un de nos profs nous avait entretenu de l’expérience de Milgram, qui avait suscité de grandes discussions et interrogations parmi mes condisciples, et c’était peut-être suite au visionnement au ciné-club d’I comme Icare, film de Verneuil dans lequel cette expérience est citée.

Milgram est un psychologue américain qui a montré au début des années 60 à quel point un individu pouvait abandonner ses principes moraux lorsqu’une autorité (scientifique dans le cas de ces premières expériences) le relève de ses responsabilités. L’expérience est simple: dans le cadre d’un projet pour améliorer l’apprentissage, un volontaire doit apprendre par coeur des associations de mots et à chaque fausse réponse qu’il donne, l’autre volontaire lui fait subir une décharge électrique, de plus en plus forte. En réalité, le premier volontaire est un acteur et aucun courant n’est appliqué.

A leur grande surprise, une majorité de participants (plus de 60%) a infligé des décharges électriques qu’ils savaient être à des niveaux très risqués, voire mortels, simplement parce qu’une autorité supérieure (le scientifique) leur autorisait à le faire et en assumait l’entière responsabilité.

Cette même expérience à été refaite dans un cadre un peu différent, présenté comme un jeu télévisé, avec un vrai public, et l’autorité scientifique est remplacée par une animatrice, devenue donc une autorité télévisuelle. Plus de 80% des participants sont allés aux limites des décharges, malgré les cris ou l’absence de réponse de l’acteur après les décharges les plus fortes, laissant à supposer qu’il pouvait même être mort. Et la raison de cette cruauté n’était même pas l’argent, puisque les candidats étaient engagés pour un pilote du jeu et ne gagnaient que 40 euros.

Si vous ne connaissez pas cette expérience, regardez ou enregistrez le documentaire qui passe sur France 2 mercredi 16 mars et qui vous montrera jusqu’où peuvent aller les candidats de la Zone Xtrême, et vous verrez ensuite la vie et l’humanité d’un autre oeil, et pas forcément avec plus d’optimisme.

Pour ma part, depuis qu’on m’avait parlé de cette expérience il y a très longtemps, je m’étais toujours promis de ne jamais plus céder aux pressions extérieures, quelles qu’elles soient, et j’ai toujours oeuvré en ce sens. Je n’ai aucune idée jusqu’où je serais allé dans la Zone Extrême, mais j’aime croire que je me serais arrêté assez rapidement. D’ailleurs, c’est peut-être une des rares faiblesses de cette récente expérience: le recrutement s’est fait comme pour n’importe quel jeu télévisé par une société spécialisée et les personnes selectionnées sont d’abord celles qui veulent passer à la télé, qui est déjà un pourcentage plus faible de la population. En réalité il n’y avait déjà quasiment aucune chance que je me retrouve sur ce plateau, l’idée de départ me paraissant déjà débile. Et j’ai beau travailler dans le milieu de la recherche, j’ose croire que je respecte certaines limites, même pour la beauté de la science.

Donc, si quelqu’un vous propose un jeu télévisé dans lequel vous risquez d’être tué par un autre concurrent, sachez qu’il y a plus de 80% que cela vous arrive rééllement, dès l’instant où la production dira à votre adversaire qu’elle en assume la responsabilité … Vivement les prochains jeux télé !

Allô ? T’es où ?

Peu de temps après avoir commencé de jouer à wow, j’ai dit un jour à ma femme que ça serait formidable si nous avions une minimap dans la vraie vie (ne vous inquiétez pas, je vais traduire). Dans world of warcraft, lorsque que vous avez envie de faire des quêtes avec des amis, vous avez la possibilté de les inviter dans un groupe – si, si, comme dans facebook ! – invitation que chacun est libre d’accepter ou refuser bien entendu. Dès que deux ou plus personnes sont dans un groupe, d’une part s’ouvre automatiquement un canal privé de discussion pour le groupe, mais surtout des points représentant les membres du groupe apparaissent dans la « map » ou la « minimap », autrement dit sur la carte de la région ou sur une petite carte représentant votre environnement immédiat (environ une centaine de mètres de rayon) qui reste affichée en permanence dans un coin de votre écran.

Dans la vie réelle une telle application peut simplifier grandement la vie en de nombreusese occasions: retrouver sa femme dans un supermarché sans devoir l’appeller sur son mobile ou hurler à travers le magasin, retrouver ses amis dans une foule (concerts, évènements) ou simplement guider ses amis facilement vers un point de rencontre.

Aka Aki est probablement une des premières applications pour téléphones mobiles (iphones, plus précisement) qui va dans ce sens, bien qu’elle en soit encore très loin en vous avertissant quand une personne de votre connaissance  passe à votre proximité. Au niveau du réseau social global, je n’y vois pas une très grand utilité (mais ça doit être parce que je suis un vieux schnock), néanmoins ça peut être sympa de savoir que votre meilleur ami est à 100 m de vous et vous donner ainsi l’occasion d’aller boire un verre ensemble. Mais en passant à leur proximité ça peut aussi être la galère, qu’ils racontent à votre femme qu’ils vous ont « vus » passer dans un secteur dans lequel vous n’étiez pas supposés être et bien que le système puisse s’éteindre on peut déjà entendre « mais pourquoi tu as débranché ton Aka cet après-midi ? ».  C’est déjà le cas avec un mobile: la plupart des gens partent du principe que si vous en avez un c’est pour l’allumer… je reviendrai peut-être un jour sur mon grand amour des mobiles.

L’utilisation du positionnement GPS ou simplement de la trangulation des signaux téléphoniques pour la localisation des individus va probablement nous ouvrir de nouvelles perspectives intéressantes mais aussi profondément et irrémédiablement modifier notre comportement social et nos habitudes, comme l’ont déjà fait l’apparition du téléphone mobile et les réseaux sociaux sur le web.