Liberation sexuelle et sphere privee

Ce matin dans le Grand 8 sur la Radio Suisse Romande  il y a avait un débat sur l’évolution de la sphère privée sur internet et un des invités comparait les changements qu’on observe à la grande libération sexuelle des années 60. C’est ici que les lubriques attirés par le titre vont zapper sur un autre page 😉 . Même si je doute que cet impact soit aussi important que ça, les arguments avancés pour cette comparaison étaient intéressants et m’ont donné à réfléchir: sur internet, dans les chats ou les forums, les jeunes abandonnent une grande partie de leur sphère privée, étalant au grand jour leur vie, leurs amours et leurs relations avec les membres de leur communautés réelles ou virtuelles. Nous aussi nous étions comme ça, mais nos confidences s’arrêtaient à nos meilleurs amis ou à des cercles très restreints.

Après avoir visité le blog de ma filleule et navigué un peu sur les pages de ses amis par curiosité, ou pour avoir vu quelquefois ce qui s’échange sur MSN dans la tranche des 10-15 ans, j’ai moi-même été surpris par l’expression franche et directe de sentiments que j’aurais moi-même considérés comme intimes à cet âge-là, et qui relèvent encore aujourd’hui de ma spère privée. Evidemment il semble que ceux qui comme moi se dévoilent peu ou prou sont considérés comme des coincés et des ringards.

Il n’existe pas de définition légale à la sphére privée: chacun définit ses propres limites en fonction de ce qu’il a envie de dévoiler au monde ou non. Sur le web plus particulièrement, l’identité numérique de chaque individu comprend les informations qu’il aura lu choisis de mettre, mais aussi celles fournies par les tiers, qu’il s’agissse d’individus ou de collectivités. Et je constate que dans mon entourage les limites de la sphère privée sont très variables: celui-ci n’écrit jamais le nom de sa compagne ou de ses enfants même dans des forums privés, un autre ne mentionne jamais son propre nom même si nous le connaissons tous et les moins timides n’hésiteront pas à mettre le numéro de leur téléphone privé partout sur la toile !

Si il n’est pas trop difficile de contrôler ses propres écrits et filtrer ses données personnelles, il faut avouer que ce n’est pas toujours évident dans la pratique: il est souvent nécessaire de fouiller un peu les interfaces pour comprendre comment définir les niveaux d’accès du monde à nos informations privées . L’exemple le plus flagrant pour illustrer ces difficultés est Facebook dans lequel il est même difficile de savoir comment est défini un ami (qui pourrait avoir accès à toutes vos infos) et par exemple si l’appartenance à un groupe entraîne de facto que tout le groupe soit considéré comme votre ami ou non. Ce sont donc des notions qui ne sont pas toujours faciles à maîtriser. Du coup, je comprends aussi que pour de jeunes insouciants (pléonasme) il soit bien plus simple de résoudre ces problèmes sans se prendre la tête en ouvrant complètement leur sphère privée.

Pour ma part je reste un vieux ringard (pléonasme ?) et je contrôle au mieux mon image et mon identité en filtrant les traces que je laisse. Mon seul problème en fait c’est de contrôler ce que les autres laissent à mon propos. C’est une tâche qui demande la plus grande attention si on veut éviter d’être taggué dans des photos ridicules ou que des informations sensibles soient lâchées sur des forums ou des blogs. Dans cette optique j’évite aussi de me mettre dans une situation ou ce contrôle pourrait m’échapper totalement et quand on y regarde en détail c’est surtout dans facebook qu’existe le plus grand risque de dérapage: c’est pourquoi je n’y ai mis qu’un minimum d’infos,  que je n’y installe plus aucune nouvelle application et que je ne rejoins que très rarement des groupes d’intérêts.

L’évolution de la spère privée sera probablement un sujet d’études très intéressant dans les années à venir !