Eclairages et photos live

Vous entendrez très souvent les photographes se plaindre de l’éclairage des scènes: trop de fumée, trop de rouges, mal équilibré, trop sombre, etc… Je ne vais pas me lancer dans ce débat, les éclairagistes ont leur raisons qui ne sont pas toujours compatibles avec les besoins des photographes, et en plus ils n’ont aucune obligation de faire des efforts pour 4-5 gars qui ont un appereil si le groupe, le public de 100-1000 personnes et le producteur sont contents de leur travail.

Mais il y a encore pire que ça: les scènes dont les éclairages ne sont jamais réglés, ou vite fait par le barman si il n’a rien d’autre à faire pendant le soundcheck ! Lorsque les conditions d’éclairage sont à ce point sub-optimales, je m’interroge souvent sur le bien fondé de prendre des photos. Je sais à l’avance que quoique je fasse le résultat final ne pourra être que moyen, voire médiocre. Et est-il bien raisonnable de publier des photos d’une qualité à peine satisfaisante ?

D’un autre côté, on est présent, on a amené le matos, les musiciens sont des amis et ont peut-être quelques expectatives et surtout il y a ce challenge: essayer malgré les circonstance de sortir une ou deux photos qui ne soient pas trop mal et rendre compte de l’événement. Et lorsqu’on y parvient, même si la photo est objectivement très moyenne, la satisfaction personnelle est parfois bien plus intense que si on avait fait des bons clichés dans des conditions optimales, mais finalement sans trop d’effort. Le problème c’est que le public ne verra pas cette différence, ne verra pas combien le photographe a sué pour attendre l’exact bon positionnement du musicien pour capter le maximum de cette pauvre lumière disponible. Il ne verra pas non plus les efforts de correction de blanc, de désaturation, de contraste qu’on aura apporté à la photo pour la rendre visible. Un boulot énorme, mais pour un résultat finalement moyen. Alors faut-il le montrer on non ? Voici quelques exemples pour illustrer ce propos…

Pour commencer, une première image de la scène pour analyser la lumière. Cette photo est déjà travaillée pour la rendre un peu mieux équilibrée, mais on voit qu’on a un spot blanc de chaque côté, sur le saxophoniste et le guitariste, le chanteur au centre n’est pas éclairé, le guitariste tout à gauche à une lumière bleue/violette et le bassiste est éclairé par du rouge/violet. Pour le moment, les seules photos possibles sans trop de difficultés sont donc le saxo et le guitariste de droite. Ca se voit d’ailleurs dans l’album final, ce sont les photos qui ont la meilleure balance et qui ont demandé le moins de travail.

Patou D'Unkou (guitar, vocals), Rocky Raviolo (sax, harmonica), John Cipolata (guitar, vocals), Roberthy Benzo de Bâle (bass, vocals), Claire Asile (claviers), Johnny di Pizzaiolo (drums), Dietrich Freezer-Disco (vocals), Nicole au Dent (vocals), Petite Berthe (guitar), Cellulite Gras Double (vocals), Edith de Nantes (vocals). Beau Lac de Bâle @ Mr Pickwick, Genève, Switzerland, 11.12.2015. (c) Christophe Losberger

Zoomons un peu sur le bassiste et voyons un exemple typique du rendu de la photo telle qu’elle a été enregistrée par l’appareil et ce qu’on peut en tirer. Evidemment l’appareil n’est qu’une machine et il a beau avoir un logiciel performant pour régler les blancs automatiquement, pour ce genre d’éclairage le choix du programme n’est pas forcément le meilleur, mais même en le réglant manuellement on n’aurait pas obtenu beaucoup mieux, quand une couleur est saturée, elle est saturée. Il faut donc vraiment avoir la foi et passer du temps à trouver les meilleures balances pour en sortir quelque chose. En général, je commence par désaturer le tout (donc je la mets en noir blanc) et je cherche la meilleure balance des blancs possibles qui rend le plus de détails possibles. Puis je remets régulièrement un peu de ceci et un peu de cela. Je laisse toujours un peu de couleur, même si je tends vers une photo noir/blanc, juste parce que j’aime ça.

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Un dernier exemple un peu moins dramatique. Ici on n’avait que quelques ampoules (même pas des spots) et par conséquent cette dominante jaune et surtout un gommage très moche des micro contrastes et une perte de détail. Quelques curseurs plus tard on arrive a quelque chose de présentable.

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